Par dĂ©finition, le graphisme favorise lâaccessibilitĂ©. Le travail du. de la graphiste est de rendre un message plus clair, plus assimilable grĂące Ă des Ă©lĂ©ments visuels et de notions sĂ©mantiques prĂ©cises.
Aujourdâhui, je vais vous parler de quelques techniques qui permettent de rendre un projet graphique accessible au plus grand nombre : personnes atteintes de dĂ©ficiences visuelles, auditives ou cognitives. En effet, chaque individu est en droit dâavoir accĂšs Ă une expĂ©rience adaptĂ©e Ă ses besoins.
AccessibilitĂ© et graphisme, OUI, c’est possible !
1- Bien structurer son projet graphique :
Utiliser une grille de mise en page pour structurer votre contenu.
Que ce soit sur un support imprimĂ© ou un support digital, utiliser une grille de mise en page (ensembles de repĂšres qui aident le. la graphiste / webdesigner dans son travail de composition), va permettre de crĂ©er une cohĂ©rence visuelle et une structure visuelle. Celle-ci va apporter du confort de lecture et de la facilitĂ© dâapprĂ©hension et de comprĂ©hension des informations.
Hiérarchiser vos éléments textuels et graphiques.
Chaque document, quâil sâagisse dâun site web, dâun catalogue ou dâune simple lettre, doit contenir une hiĂ©rarchie. Quel Ă©lĂ©ment dois-je voir et lire en premier pour comprendre facilement le texte, ce que je dois faire, comment ⊠? GrĂące Ă des principes de mise en page, tels que la lecture en Z (spontanĂ©itĂ© de lecture dans les pays occidentaux) et la mise en valeur des Ă©lĂ©ments importants (titres plus gros, blocs visuels, gris typographiquesâŠ), un chemin de lecture se dessinera automatiquement pour une comprĂ©hension optimale.
Jouer avec le vide, pour augmenter lâattrait vers le plein.
SpontanĂ©ment, votre Ćil sera toujours attirĂ© par le vide, faĂźtes le test ! Câest pourquoi il est trĂšs important de savoir sâen servir Ă bon escient.Â
Une bonne utilisation du vide dans une mise en page graphique permettra dâamĂ©liorer encore une fois la comprĂ©hension du document. Ce vide permettra de crĂ©er des dĂ©marcations entre chaque Ă©lĂ©ment graphique ou textuel. Autre atout du vide, il permet dâapaiser lâesprit et dâaugmenter la concentration et donc, la comprĂ©hension.
2- Une bonne perception des éléments graphiques :
Les jeux de couleurs et de contrastes.
Toutes les personnes ne voient pas les mĂȘmes couleurs, les mĂȘmes contrastes.
Le daltonisme est lâexemple parfait dâune anomalie de perception des couleurs qui peut entraĂźner de gros problĂšmes de lisibilitĂ© des documents. Le test d’Ishihara confirme Ă lui seul, les difficultĂ©s que peuvent engendrer un mauvais choix de couleurs.
Le daltonisme n’est quâun exemple, mais toutes les dĂ©ficiences visuelles peuvent plus ou moins toucher la lisibilitĂ© des documents.
Câest pourquoi le choix des couleurs et des contrastes est primordial.
En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, selon la norme dâaccessibilitĂ© web WCAG, il faut Ă minima un contraste de 45 % (pour la norme AA) tout en favorisant au maximum un contraste supĂ©rieur Ă 70 % (norme AAA). Outre les contrastes, le choix des couleurs peut aussi ĂȘtre adaptĂ© Ă la vision daltonienne. Lâoutil sur lâaccessibilitĂ© dâAdobe Color est dâailleurs idĂ©al pour vĂ©rifier lâensemble de ces paramĂštres.
Sans outil particulier il est nĂ©anmoins possible de ne pas/peu se tromper. On peut, par exemple, choisir des couleurs complĂ©mentaires (contraste maximal) et en passant son document en niveaux de gris (cf visuel ci-dessus) ; si des Ă©lĂ©ments disparaissent ou ne se voient plus convenablement, câest que vos contrastes sont trop faibles.
Des caractĂšres lisibles.
Il ne suffit pas dâavoir de belles couleurs pour avoir un document lisible et comprĂ©hensible. Le choix et lâutilisation des typographies (ou polices dâĂ©critures) sont Ă©galement Ă prendre en compte. Une typographie manuscrite sera par exemple illisible dans le cas dâune toute petite taille et ça sans dĂ©ficience visuelle. Imaginez avec !
Pour un paragraphe, il est important de choisir une police de caractĂšres oĂč le « plein » et le « vide » sont Ă©quilibrĂ©s. (On parle aussi de trait et contreforme.) Pour cela, on privilĂ©giera donc, un texte en âregularâ plutĂŽt quâun texte en âgrasâ ou en âlightâ.
Un autre facteur Ă prendre en compte sera la hauteur dâx (rapport entre la taille des minuscules et des capitales dâune typographie). Plus la hauteur dâx est Ă©levĂ©e, plus la typographie sera lisible.
La lisibilité du texte.
Une fois notre typographie optimale trouvée, quelques rÚgles de mise en page des textes sont à privilégier pour ne pas annuler sa lisibilité.
On va alors privilĂ©gier des colonnes, ni trop larges (au risque de fatiguer l’Ćil trop rapidement), ni trop courtes (qui risqueraient de trop couper les phrases, les mots et de favoriser la difficultĂ© de lecture, ni trop longues (de trop gros paragraphes de textes peuvent ĂȘtre difficiles Ă lire pour les personnes dyslexiques par exemples).
Les divers Ă©quilibres dâespacements sont aussi trĂšs importants. Avec un interlignage trop serrĂ©, les jambages et hampes des caractĂšres âhautsâ (p,j,f,lâŠ) se chevaucheront et le texte sera peu lisible. Sur un interlettrage trop grand, les lettres âflotterontâ et les mots seront moins facilement identifiables.
Pour obtenir un paragraphe au summum de sa lisibilitĂ©, lâalignement des textes est Ă©galement important :
Le texte centrĂ© ou alignĂ© Ă droite compliquent la lecture. L’Ćil, a, en effet, besoin d’un âpoint de dĂ©partâ pour chaque nouvelle ligne. En impression, on utilisera donc, plus largement, un texte justifiĂ© (Ă condition quâil soit bien âfaitâ et quâil nây ai pas de grands espaces entre les mots) ou un alignement Ă gauche. En digital, lâalignement Ă gauche, offre la meilleure option de lecture, grĂące Ă sa barre visuelle en dĂ©but de colonne.
DerniĂšre chose, et non des moindres, on laissera le fond du paragraphe uni pour ne pas interfĂ©rer la lecture avec dâautres Ă©lĂ©ments graphiques.
3- LâaccessibilitĂ© âautourâ du graphisme : les indispensables :
Pour finir, je vais vous parler des âastucesâ complĂ©mentaires au graphisme pour faciliter la comprĂ©hension et lâaccessibilitĂ© de vos documents :
- Remplir convenablement les balises âaltâ de toutes vos images, câest long, mais trĂšs utile pour que les personnes dĂ©ficientes visuelles, puissent dĂ©crypter vos images grĂące aux âlecteurs dâĂ©cransâ, et câest bon pour le SEO.
- Offrir une transcription textuelle (ou sous-titrages) de tous vos contenus audio / vidéo pour les personnes malentendantes.
- Utiliser du vocabulaire simple et/ou donner les définitions des termes trop complexes.
- Penser Ă lâutilisabilitĂ© de votre support :
Pour le digital, pensez Ă intĂ©grer des boutons et des zones cliquables assez grosses pour ĂȘtre facilement activĂ©es par des personnes atteintes de dĂ©ficiences visuelles, neurologiques ou moteurs (DMLA, parkinson, SEPâŠ). Au mĂȘme titre, toutes les fonctions dâun site web accessible doivent ĂȘtre utilisables Ă lâaide dâun clavier.Â
Pour les documents imprimĂ©s, le choix des supports est trĂšs important (cf visuel ci-dessous) : choisir un papier mat ou non couchĂ© et une teinte plus chaude limitera la surbrillance et facilitera la lecture des textes. Enfin, il ne faut pas omettre la façon dont va ĂȘtre tenu le document, un livret spirale, par exemple, pourra facilement ĂȘtre posĂ© Ă plat au besoin.
Vous avez dĂ©couvert ou redĂ©couvert une liste non exhaustive des solutions pour inclure l’accessibilitĂ© dans vos documents. Bien Ă©videmment, chaque projet est unique et doit ĂȘtre rĂ©flĂ©chi en fonction de son but, de sa cible⊠Comme dans chaque projet, la rĂ©flexion en amont sera le maĂźtre mot dâun projet graphique accessible.
Vous voyez, mixer accessibilitĂ© et graphisme, c’est pas si compliquĂ© !